Dépêche AFP – Parlement-justice-prisons, LEAD
Les directeurs de prison disent leur « malaise »
PARIS, 27 nov 2012 (AFP) – Une soixantaine de directeurs de prison se sont rassemblés pour dire leur « malaise », mardi à Paris lors des 7e rencontres parlementaires sur la prison, à la Maison de la Chimie.
Les participants, qui avaient répondu à l’appel du Syndicat National des Directeurs Pénitentiaires (SNDP) et de FO Direction, ont été autorisés à prendre la parole à la tribune.
« La déception, la démobilisation, le malaise s’étendent », ont-ils dit dans un texte lu par Jean-Michel Dejenne, premier secrétaire du SNDP.
Soulignant que la surpopulation carcérale « atteint un niveau historique », ils ont estimé que la circulaire de politique pénale diffusée en septembre par la garde des Sceaux Christiane Taubira « n’est manifestement pas appliquée ».
Mme Taubira y faisait plusieurs recommandations aux parquets pour rompre avec le « tout-carcéral », conseillant notamment de développer les aménagements de peine.
« La situation n’a pas évolué depuis la circulaire », a indiqué à l’AFP Antoine Danel, secrétaire national du SNDP, jugeant son impact « nul ».
« Que ferez-vous au matin du 25 novembre 2014, date butoir pour la mise en oeuvre de la règle de l’encellulement individuel pour tous? Solliciter du Parlement un nouveau moratoire de 5 ans? », ont demandé dans leur texte les directeurs.
Mme Taubira était absente, étant à Quito (Equateur) pour une réunion des ministres de la Justice des Amériques.
Le directeur-adjoint de son cabinet, Jean-François Beynel, avait dans la matinée fait état d' »un frémissement » depuis la circulaire. « Ce que nous sentons depuis un mois, c’est d’abord la fin de l’augmentation, et sur certains sites un début de diminution du nombre des entrées », avait-il assuré.
Les directeurs de prisons ont également protesté contre la « modification des critères d’attribution des logements de fonction ».
Le directeur de l’AP, Henri Masse, a assuré qu’ils seraient reçus par le cabinet de Mme Taubira « dans les jours qui viennent ».
Il a rappelé qu’un décret en mai avait demandé « à chaque ministère » de vérifier l’attribution des logements de fonction. Il a reconnu que « les premiers arbitrages » avaient été jugés décevants par les directeurs de prisons, qui sont environ « 550 » en France, mais assuré que la situation avait évolué depuis.
« Il y avait antérieurement 350 directeurs qui étaient logés par l’AP », et « ce sont demain en réalité plus de 400 logements qui vont les remplacer », a-t-il dit.
En signe de protestation devant cette réponse jugée « réductrice » par rapport à la gamme de problèmes soulevés, les directeurs sont sortis en silence, sans écouter la fin de l’intervention de M. Masse.
Les officiers du personnel de surveillance (plus de 1.000 en France), ont de leur côté prévu un rassemblement devant le ministère de la Justice le 12 décembre, selon FO-Pénitentiaire.
paj/caz/sd