Etre directeur pénitentiaire, c’est avoir fait le choix du service public dans un secteur à haute responsabilité et à haute sensibilité, le choix d’un métier aux contraintes particulièrement élevées pour préserver la justice et la sécurité. Ces contraintes méritent des compensations ; à tous nos devoirs s’ajoutent aussi des droits, que le syndicalisme a pour fonction de faire valoir, par leur défense et leur promotion. Si les directeurs des services pénitentiaire s et les directeurs pénitentiaires d’insertion et de probation sont des chef-fe-s de services reconnu-e-s, ils et elles sont aussi des agents publics. Aussi, pour conserver motivation individuelle et attractivité catégorielle, le SNDP, seul syndicat représentant l’ensemble des directeurs pénitentiaires milite pour obtenir les avancées suivantes :
Régime indiciaire et reconnaissance du statut
Le Syndicat National des Directeurs Pénitentiaires agit pour une juste rémunération pour tous, à la hauteur des responsabilités assumées par les directeurs : prévenir la récidive, mettre en oeuvre les politiques nationales, répondre aux urgences, faire face
aux crises, encadrer et accompagner l es personnels, développer des projets, rechercher des financements, représenter l’administration pénitentiaire (AP) dans toutes les instances, assurer l’évaluation des publics pris en charge en milieu fermé comme en milieu ouvert, etc. Cela suppose :
- L’aboutissement complet du processus censé permettre aux DSP de bénéficier de tous les marqueurs de la catégorie A+, processus non achevé à ce jour
- La revalorisation en urgence du statut des DPIP, le statut actuel les positionnant toujours, malgré quelques av ancées indemnitaires arrachées de haute lutte, comme de véritables laissés pour compte tant vis à vis des CPIP qu’ils encadrent, que des DSP dont ils devraient être les alter ego.
- La création à terme d’un corps unique de directeur pénitentiaire, comme le revendique le SNDP depuis des années. A l’image de celui des magistrats judiciaires, le directeur pénitentiaire, après une formation commune à l’ENAP, choisirait entre direction d’établissement et direction de SPIP comme les auditeurs choisissent entre siège et parquet, et pourraient ensuite basculer d’une fonction à l’autre au gré des mutations, l’administration les accompagnant avec des formations d’adaptation.
Compensations matérielles
Le SNDP demande une meilleure prise en charge des conséquences matérielles de l’obligation de mobilité : frais de changement de résidence sans reste à charge, accompagnement du conjoint dans le maintien ou le retour à l’emploi, juste application du dispositif dit « Lemaire » , inscription des enfants dans les établissements scolaires de rattachement etc.
Sens du métier et responsabilisation de la chaîne hiérarchique
Le directeur pénitentiaire d’aujourd’hui adapte ses méthodes de management en permanence, se montre à la fois respectueux des textes en perpétuelle inflation et loyal envers sa hiérarchie, se présente comme un cadre bienveillant mais capable également de sanctionner : il incarne un chef qui doit prendre du recul tout en répondant aux besoins essentiels des personnels et du public pris en charge , avec disponibilité , réactivité et empathie. De ce point de vue, les métiers de direction au sein de l’AP sont certainement plus exigeants qu’il y a vingt ou trente ans. Jonglant entre des injonctions paradoxales, oscillant au quotidien entre des fonctions d’exécution basiques, parfois même logistiques, et des fonctions intellectuelles de conception et d’arbitrage sur des sujets complexes, le directeur pénitentiaire fait face à une perte de repères. Pour lui permettre de revenir aux missions fondamentales qui sont les siennes, il faut lui permettre de disposer de services structurés pour étayer son action, et responsabiliser chaque niveau intermédiaire. Il est notamment temps de mettre fin à la délégation ascendante.
Accompagnement des cadres par l’AP
Les directeurs sont en droit de se demander si l’administration prend conscience de la nécessité de prévenir les risques psycho sociaux de ses cadres supérieurs. Pour le SNDP, il apparaît indispensable de proposer aux directeurs pénitentiaires :
- De bénéficier de groupes d’analyses de pratiques
- De profiter de l’opportunité de la nomination récente d’un nouveau conseiller mobilité carrière à la DAP pour organiser un véritable accompagnement des projets de carrière. Le SNDP croit du reste utile de développer ce dispositif au niveau régional (un conseiller par DISP)
- De développer le tutorat et le mentorat avec volontarisme
- De généraliser les formations sur les messageries électroniques pour rationaliser leur usage et réduire à la fois le nombre de messages envoyés et reçus, et le temps de travail induit, souvent inutile et fastidieux ;
- Plus généralement, d’intégrer dans leur temps de travail davantage de formations, en fonction de l’évolution immédiate de leurs fonctions au quotidien, mais aussi de leurs besoins et leurs aspirations individuelles.
Le télétravail
Si la crise sanitaire a précipité la mise en place du télétravail dans les services, le télétravail de droit commun n’exclut pas le directeur pénitentiaire. Contrairement aux discours renvoyé par l’administration, un directeur ou une directrice doit pouvoir
télétravailler une journée par semaine, comme tout agent public, sans pour autant nuire à ses missions régaliennes.
Les astreintes en SPIP, oui, mais avec des outils
La mise en place d’astreintes pour les directeurs apparaît normale et inhérente aux fonctions, même si cela constitue une nouveauté pour les DPIP. Néanmoins, en l’absence de concertation, d’accompagnement et de moyens supplémentaires, leur
mise en œuvre hétérogène sur le territoire met non seulement les services en difficulté mais nuit aussi à la reconnaissance et au sens des missions du service public. Pourquoi une même situation nécessite une intervention du SPIP à Rennes et pas à Strasbourg, à Lille mais pas à Bordeaux ? Leur périmètre et leurs modalités doivent être définies et les moyens ajustés en conséquence. Pourquoi ne pas réfléchir à différents niveaux d’astreinte avec différentes catégories de personnels ?
Pour défendre cette conception du métier de directeur pénitentiaire, le SNDP-CFDT doit être fortement représentatif dans les prochaines instances de représentation du personnel.
Votez, faites voter pour le SNDP-CFDT et la CFDT !