Les DSP, étrangers en leur propre administration

Le SNDP – CFDT vous informe sur l’actualité du secteur pénitentiaire

Une Commission Administration Paritaire qui ne passe pas…

Le Directeur de l’Administration Pénitentiaire a décidé de procéder le 4 décembre à la publication des résultats de la CAP du 30 novembre alors que les deux organisations syndicales de Directeurs des Services Pénitentiaires avaient annoncé, par déclaration commune, qu’elles ne siégeraient pas.

Erreur politique, incompétence ou provocation ? Quelle qualification donner à cette publication, en plein mouvement social, lendemain de rencontre des OS avec le directeur de cabinet de la ministre et veille de rencontre avec la ministre ?

Les résultats d’une CAP constituent naturellement un moment très attendu voire déterminant pour les DSP, le déroulement de leur carrière et leur vie personnelle.

Cependant, le maintien de cette CAP, au plus fort d’un mouvement social, son déroulement plein et entier, en présence du DAP et de la sous-directrice des ressources humaines mais sans OS représentative, puis sa publication entre deux rencontres politiques et sociales majeures, confirme irrévocablement le mépris installé de l’équipe dirigeante de la DAP envers les DSP.

La récidive est en outre confirmée : les personnes ayant ainsi siégé lors de cette dernière CAP sont aussi celles qui avaient mené seules le projet sur les logements de fonction, conduisant au fiasco et à la crise sociale actuels.

Le DAP, le DAP adjoint et la sous-directrice RH n’ont pas été capables d’identifier les enjeux « métiers », pénitentiaires et sociaux que leurs décisions étaient susceptibles d’emporter auprès des attachés, officiers et DSP. Ceci tout simplement sans doute parce qu’ils ne connaissent pas le fonctionnement des établissements pénitentiaires et ont choisi de ne pas s’entourer des professionnels de leur propre administration.

Ils ont ainsi non seulement traité le dossier sans concertation avec les OS de tous les corps concernés mais ont commis l’erreur d’en exclure également les DSP, pourtant responsables, in fine, des équipes de direction et cadres des établissements et parfaits connaisseurs des enjeux métiers posés par la mise à disposition de logement de fonction.

Une politique fautive d’exclusion des postes hiérarchiques…

En administration centrale, deux tiers des 68 postes hiérarchiques (DAP, DAPA, sous-directeurs ou adjoints, chefs de bureaux ou adjoints, chefs de mission…) échappent aux DSP qui ne sont que 22 sur ces postes :

Au sein des sous-directions (voir tableau joint), à l’exception de l’Etat-major de Sécurité où ils sont majoritaires (9/11) et à la sous-direction des services déconcentrés où l’équilibre presque atteint (6/16), les DSP sont quasi inexistants à PMJ et RH (3/15 et 2/16).

En outre, s’il est certain que la diversité de provenance des cadres hiérarchiques (magistrats, attachés, santé ou même contractuels) constitue une réelle richesse pour l’administration pénitentiaire, 14 « binômes » (sous-directeurs, chefs de bureaux, DAP et leurs adjoints) ne comptent encore aucun DSP.

Enfin, parmi les 8 cadres du « top DAP » (DAP, adjoint, cabinet, SCERI…), on ne compte qu’un seul DSP, d’ailleurs seul professionnel provenant immédiatement de l’administration pénitentiaire.

Les directeurs des services pénitentiaires sont étrangers aux dirigeants de leur administration ; comment s’étonner alors que les enjeux pénitentiaires soient étrangers à ces mêmes dirigeants ?

Tout est fait comme si les DSP étaient des cadres de seconde zone, cantonnés principalement aux missions touchant à la sécurité alors que, comme tous cadres supérieurs, ils ont ici vocation à occuper des postes au sein des directions de moyens, de RH ou de définition des politiques d’exécution des peines et de prise en charge des publics sous main de justice.

Comment ne pas voir dans ces chiffres la marque d’une défiance institutionnelle ?

Les DSP semblent n’être que tolérés en leur propre administration centrale ; comme s’ils étaient – eux – les cadres « accueillis » d’une autre administration.

Cette gestion des ressources humaines et des carrières, l’absence de dialogue social et de vision politique ainsi que le mépris affiché à l’égard des DSP sont incontestablement parmi les causes majeures de la grave crise de confiance qui atteint aujourd’hui tous les cadres de l’AP, contraints d’assurer une mission de plus en plus difficile.

Paris, le 6 décembre 2012

Lire le communiqué intégral avec le tableau de présence des DSP à l’administration centrale:

Les DSP, étrangers en leur administration

 

 

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