Vendredi 21 novembre, le garde des Sceaux s’exprimait dans la presse sur le « limogeage » du
chef d’établissement du centre pénitentiaire de Rennes-Vezin survenu la veille. Cette décision,
prise dans l’urgence pour permettre au ministre d’afficher une réponse rapide et ferme dans
les médias suite à la non-réintégration d’un détenu participant à une permission de sortir
collective, n’aura même pas permis à notre collègue de s’expliquer sur la commission
d’éventuelles fautes. Pire, ne reculant devant rien pour entretenir son image de fermeté et de
réactivité, Gérald Darmanin accusait notre collègue de « mettre en place un système » ayant
permis cette évasion, seulement quelques minutes après s’être épanché sur la nécessité de
lutter contre les « pratiques naïves et anciennes » des personnels pénitentiaires.
La loi s’impose à tous : magistrat, fonctionnaire et ministre. Doit-on rappeler qu’une permission
de sortir est une décision d’un magistrat, prise après recueil de l’avis de plusieurs professionnels
pénitentiaires et du parquet, tous spécialistes de l’exécution des peines et de la prévention de
la récidive ?
Parce que nous ne courberons pas l’échine et afin de manifester notre mécontentement et
nos attentes, nous vous invitons à nous rassembler prochainement.
Ce regroupement, qui donnera lieu en amont à une présentation aux médias, sera l’occasion
de manifester notre soutien au collègue démis de ses fonctions et de réclamer la mise en œuvre
d’un protocole d’accord visant à répondre dans les mois qui viennent aux attentes suivantes :
1. Que le ministre et l’ensemble des acteurs de la justice se confrontent enfin aux
véritables problématiques qui ont conduit nos services au bord de l’implosion. Il est
grand temps de lancer un véritable plan d’urgence pour lutter contre la surpopulation
et combler les vacances de postes sans poudre aux yeux ni stratégie de communication.
2. Que cessent les injonctions contradictoires. Nous voulons des consignes claires,
réalistes et responsables, en accord avec l’Etat de droit. Toute autre attitude nous met
quotidiennement en danger.
3. Que l’on cesse de consacrer tous les moyens d’un Etat endetté à des établissements
vitrines ou à des publics ciblés quand la grande majorité des services sont exsangues. Le
plan zéro portable est une insulte aux 174 établissements qui n’en bénéficient pas. Parmi
les 855 emplois pénitentiaires du PLF 2026, seuls 100 viseront à combler les 4000
vacances de postes. Les autres seront consacrés à renforcer prématurément
l’expérimentation QLCO ou seront absorbés par des missions ou structures nouvelles.
Pendant que le Garde des Sceaux parade dans des structures surdotées, les autres
services agonisent.
4. Que le ministre nous respecte, nous qui œuvrons tous les jours pour notre pays et nos
concitoyens dans des conditions toujours plus dégradées. En mai 2024 avec les
assassinats lors de l’évasion d’Incarville, au printemps 2025 avec le mouvement DDPF,
nos personnels, nous-mêmes et nos proches étions touchés dans notre chair et nos vies
du fait des responsabilités professionnelles que nous assumons au quotidien. Le mépris
affiché à notre endroit par celui qui occupe les plus hautes fonctions au sein de notre
ministère n’est pas tolérable et nous attendons de lui un soutien tangible et
indéfectible, un soutien à la hauteur de la loyauté qui a été la notre depuis sa
nomination.
Notre ministre claironne qu’il convient d’assumer ses responsabilités.
Nous attendons désormais qu’il s’applique les exigences qu’il a lui-même posées : qu’il accorde
aux professionnels la considération et les moyens qu’ils méritent.
Paris le 26 novembre 2025,
Les bureaux de FO Direction, du SNDP-Cfdt et de la CNDPIP



