DPIP en 2023 , l’heure des choix

Le SNDP – CFDT vous informe sur l’actualité du secteur pénitentiaire

Un corps de métier oublié ?

S’il est un corps de l’administration pénitentiaire qui ne voit rien changer positivement pour lui, c’est bien celui des directeurs et directrices d’insertion et de probation. Sa mobilisation l’été puis l’automne derniers lui ont certes donné une belle visibilité politique et médiatique. En réponse la DAP nous parle d’une réforme statutaire dont nous ne cessons d’attendre le début.

Cette revendication ne résulte pas d’avoir vu les DSP passer en catégorie A+, ni les CPIP puis les CSP puis les officiers accéder à la catégorie A, et d’autres corps connaître une revalorisation substantielle comme les surveillants qui obtiennent la catégorie B.

Cette revendication résulte de l’évolution rapide et conséquente des tâches et responsabilités des DPIP, que le SNDP n’a eu de cesse de développer devant les parlementaires notamment, mais aussi auprès du cabinet du ministre.

Des services transformés

Les services pénitentiaires d’insertion et de probation connaissent une crise, dont on voudrait bien qu’elle ne soit que de croissance. Depuis la création du corps des DPIP en 2005 (mal né : une architecture agent de probation- officier de probation- directeur de probation eût été préférable, nous payons aujourd’hui cette faute originelle) les SPIP ont doublé de volume. Partout des extensions ou acquisitions de locaux sont en cours afin d’accueillir les agents recrutés en créations de postes, à commencer par les CPIP mais aussi les surveillants des pôles de détention à domicile sous surveillance électronique (DDSE), les psychologues, les coordonnateurs d’activités, les binômes de soutien de lutte contre la radicalisation violente…

Les services pénitentiaires d’insertion et de probation connaissent une crise, dont on voudrait bien qu’elle ne soit que de croissance. Depuis la création du corps des DPIP en 2005 (mal né : une architecture agent de probation- officier de probation- directeur de probation eût été préférable, nous payons aujourd’hui cette faute originelle) les SPIP ont doublé de volume. Partout d’ailleurs des extensions ou acquisitions de locaux sont en cours afin d’accueillir les agents recrutés en créations de postes, à commencer par les CPIP mais aussi les surveillants des pôles de détention à domicile sous surveillance électronique (DDSE), les psychologues, les coordonnateurs d’activités, les binômes de soutien de lutte contre la radicalisation violente…

Les charges, notamment managériales, sont donc en expansion. D’abord parce qu’il y a plus de personnels à diriger. Ensuite parce qu’il y a plus de détenus et de probationnaires suivis par les services. Enfin parce que les postes des catégories de personnels précitées ne sont pas tous pourvus, ce qui contraint à faire soi-même lorsque l’on n’arrive plus à faire faire par les présents le travail des absents. Si les organigrammes de référence existent désormais et constituent un progrès, ils sont loin d’être pourvus. Les fonctions de représentation sont aussi plus lourdes, rançon de la lente mais croissante reconnaissance du SPIP dans le paysage institutionnel territorial.

Des contraintes lourdes et croissantes, notamment les astreintes

Cette montée en compétences et en responsabilités n’a pas rencontré l’ajustement statutaire
légitime. L’état des services conduit de surcroît à une charge et un rythme de travail épuisants. Le nombre de postes de DPIP non pourvu représente 20% de ce corps de 500 membres. La rémunération est la plus basse des encadrants de catégorie A de l’administration pénitentiaire. Un-e élève DPIP est à peine rémunéré-e comme un-e élève CPIP. La mise en place des astreintes de nuit et weekend pour les DPIP, à la plus-value incertaine et aux modalités hétérogènes (pour ne pas dire hétéroclites), sans consultation des organisations professionnelles, vient depuis une année modifier substantiellement la vie des DPIP.
Que leur travail soit amené à changer, les DPIP en sont conscients. La probation française fait l’objet d’une évolution doctrinale depuis le début des années 2000, et l’administration pénitentiaire a besoin de directeurs pour accompagner tous ces changements comme l’entretien motivationnel, l’évaluation du risque de récidive, le RPO 1 puis 2 puis…, les actions collectives, les PPR, les successions de publics prioritaires (les délinquants sexuels, puis les terroristes, aujourd’hui les violents conjugaux) et demain la justice restaurative.

Jusqu’en 2021 les DPIP savaient qu’ils s’engageaient dans un métier passionnant mais probablement épuisant et frustrant. Mais il ne leur avait pas été dit (il ne l’est toujours pas dit aux candidats au concours d’ailleurs) qu’ils seraient réveillés, eux et leurs proches, en pleine nuit et assignés à résidence le weekend du fait de leur profession. Les surveillants, gradés, officiers, DSP, même les personnels techniques et administratifs de l’administration pénitentiaire le savent eux dès le départ et s’engagent en connaissance de cause. Cette notable modification du contrat implicite entre l’État et les DPIP demeure non compensée à ce jour.

Un métier souvent solitaire

Nous ne mentionnerons pas ici la difficulté à diriger des CPIP, corps lui aussi de catégorie A dont la culture professionnelle porte souvent à une grande autonomie, ni les relations asymétriques avec les magistrats. En revanche nous voulons évoquer la situation des DPIP dits de milieu fermé, surtout les plus jeunes, confrontés à la surpopulation carcérale, au rythme effréné des commissions d’application des peines, débats contradictoires, commissions pluridisciplinaires uniques … et à la solitude institutionnelle. Le Syndicat National des Directeurs Pénitentiaires, présent et représentatif dans les deux corps de métier appelle d’ailleurs les DSP en établissement à se montrer solidaires avec ces collègues de direction.

Un sujet sous-estimé…

Enfin, le SNDP est actuellement mobilisé sur la question du remboursement des frais de changement de résidence, ayant interpellé le DAP sous forme intersyndicale pour les DSP. Ce problème concerne aussi les DPIP, qui depuis trop longtemps se laissent imposer le paiement intégral de ces frais dès lors qu’il ne sont pas restés cinq ans sur un même poste, alors même que l’administration les a parfois sollicités pour prendre un poste, ou qu’une mutation (même désirée) vient combler un poste vacant. Ne sommes-nous alors dans un cas évident d’intérêt du service ? La mobilité est aujourd’hui encouragée dans toute la fonction publique et une mobilité plus contraignante que l’actuel 2×3 ans des DFSPIP et 2×5 ans des DPIP sera probablement exigée lors d’une réforme statutaire. Le SNDP est donc mobilisé pour les DPIP comme il l’est pour les DSP, afin que ne commence pour les uns et que cesse pour les autres cette atteinte à notre pouvoir d’achat et cette discrimination à la mobilité par l’argent.

L’urgence de trouver des solutions

Ne nous étonnons pas, dès lors, que le concours de DPIP ne fasse plus recette, et que la moitié de ses lauréats souhaite quitter ce métier dès la date d’exonération du remboursement des frais de scolarité atteinte.

Des SPIP sous-dotés en DPIP entraîneront l’exode de celles et ceux qui restent, ou leur arrêt pour épuisement professionnel. Que restera-t-il alors comme carte en main pour l’administration ?
– Les contractuels ? Vaste sujet dans la pénitentiaire, avec des salariés souvent de grande qualité mais mal rémunérés et, là encore, sans cohérence nationale ; faut-il rappeler au DAP qu’il est garant de l’égalité de traitement des personnels qu’il a sous son autorité?
– Les CPIP hors classe ? Bon courage pour réussir à leur faire accepter d’encadrer des collègues, alors que ce n’est pas non plus clairement annoncé comme une éventualité à celles et ceux qui se présentent à l’examen professionnel ou acceptent d’être proposé-e-s au tableau d’avancement.

Le SNDP-CFDT s’adresse donc solennellement au directeur de l’administration pénitentiaire et au garde des Sceaux : c’est maintenant qu’il faut doter les DPIP d’un statut à la hauteur du métier (et pour notre organisation professionnelle qui prône le corps unique de Direction, il s’agit d’un statut de A+). Il faut le faire, sinon vous n’aurez bientôt plus de DPIP et vous devrez en assumer les conséquences désastreuses, qui feront dramatiquement apparaître le gouffre entre vos discours sur la nécessité de la préparation à la sortie de prison et des peines alternatives à l’incarcération, et la réalité de votre refus d’y mettre les moyens correspondants.

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